Accompagner les pros vers le tourisme durable

Le tourisme durable est un enjeu important aujourd’hui et son application sur le territoire est un objectif atteignable. Pour ce faire, les prestataires touristiques doivent continuer ou bien s’impliquer dès aujourd’hui dans le développement durable. Les institutions du tourisme jouent un rôle majeur dans cet accomplissement en tant que facilitateurs ou coordinateurs. Et l’office de tourisme, lieu où tout le monde s’y rencontre : les élus, les prestataires, les touristes, les locaux, est la structure légitime pour cette mission.

C’est pourquoi nous vous partageons dans cet article plusieurs réflexions issues de l’atelier “Accompagner les pros vers le tourisme durable” du séminaire des directeurs des offices de tourisme (NADOT 2019) par le biais des témoignages de l’office de tourisme du Seignanx par Jérôme Lay et l’office de tourisme de Marennes – Oléron par Emrick Herbaut & Lionel Pacaud, deux offices de tourisme en territoires à énergie positive TEPOS. Ainsi que du témoignage de Béatrice Renaud, l’une de nos expairs durable du Parc Naturel des Landes de Gascogne.

Cet article, vous propose donc une méthodologie et des outils concrets pour pouvoir passer à l’action et aller au-delà de la sensibilisation à votre échelle territoriale. Pour aller plus loin vous pouvez également participer à la formation « Accompagner les professionnels dans le développement durable » à retrouver dans notre programme.

 

“Tout le monde doit prendre conscience, acteur pro compris, que l’on doit passer d’un tourisme de masse à un tourisme durable.” Lionel Pacaud de l’office de tourisme de Marennes – Oléron

 

Comment accompagner les professionnels du tourisme ?

Avant tout, pour intégrer les principes du tourisme durable dans la gestion de son activité et le développement de projets avec les acteurs locaux, il faut déjà se concentrer sur les 3 piliers : économique, social et environnemental. Découvrez la synthèse des objectifs du développement durable dans le tourisme réalisée par l’Organisation Mondiale du Tourisme et le Programme des Nations Unies pour l’Environnement. Une fois ces objectifs acquis, partagés et idéalement mis en place, on peut passer à l’accompagnement.

Pour nos deux offices de tourisme interrogés, tout commence par un projet. C’est un bon point pour commencer, mais ça se concrétise comment ? Voici une proposition de méthodologie inspirée des moignages des offices de tourisme du Seignanx, de Marennes – Oléron ainsi que du PNR des Landes de Gascogne :

Au préalable : définir sa stratégie

  1. Cibler les acteurs leviers
  2. Coacher individuellement pour améliorer la qualité de l’offre
  3. Définir un projet en co-construction
  4. Evaluer
  5. Diffuser

“Il faut faire, il faut arrêter la sensibilisation et se mettre en action” Jérôme Lay – Office du tourisme du Seignanx

Au préalable : définir sa stratégie

Avant de savoir qui accompagner et comment, il faut déjà bien situer sa stratégie et se poser la question du pourquoi ? L’accompagnement des prestataires dans le tourisme durable correspond-il à un projet de territoire ? Un enjeu local précis ? Une stratégie de l’office de tourisme ? Le développement d’un nouveau service ? Un projet marketing ? La demande d’un prestataire ? … Autant de questions qui vont permettre de définir la stratégie du projet et de réunir les bons arguments qui permettront de convaincre son interlocuteur. Ce sujet des arguments est d’ailleurs évoqué par Charlotte, dans cet article qui utilise la méthode des chapeaux de Bono pour se mettre à la place de chacun des acteurs et ainsi déployer les bons arguments pour les embarquer.

1. Cibler l’acteur levier

La bonne question à se poser pour commencer est : je commence avec qui ? Il est important de prioriser selon votre stratégie et d’adapter selon votre typologie. De manière générale, cela correspond à cibler une filière, selon le niveau d’implication des acteurs. Mais il ne suffit pas de les prioriser, il faudra également étudier et comprendre ses prestataires pour mieux les embarquer et les accompagner.

“Pour les Offices de tourisme, il est judicieux de commencer par les hébergeurs car ce sont des socio-professionnels levers.” Jérôme Lay – Office du tourisme du Seignanx

2. Coacher individuellement pour améliorer la qualité de l’offre

Avant de se lancer dans des projets co-construits avec les professionnels, la seconde étape pour un territoire consiste à améliorer la qualité de l’offre. Cette amélioration intègre, sans l’afficher obligatoirement, le développement durable. Elle est présente dans la stratégie d’accompagnement, en projet de fond. Il est donc nécessaire d’animer son réseau de partenaires et d’aller à leur rencontre pour les conseiller, les orienter.

Parmi les outils concrets permettant un accompagnement individuel on retrouve :

Les éco-labels (ECOLABEL, cléverte, panda, charte…) peuvent être une bonne base pour débuter cet accompagnement individuel. Vous pouvez vous en inspirer et faire comme Jérôme Lay : traduire et simplifier les référentiels pour accompagner tous les hébergeurs, par exemple. On peut également retrouver des référentiels qui peuvent déjà exister au niveau du territoire. A noter que pour aller plus loin sur les labels et démarches de qualification durables, un webséminaire est disponible en replay sur les démarches de qualité durable.

Les outils de diagnostic comme par exemple ceux qui ont été proposés lors d’une formation MONA sur le sujet en 2013 par Catherine Blanc de FTC Consultants. Ils permettent de recenser les offres disponibles sur son territoire et vérifier l’engagement de ses prestataires selon la filière : Activités / Camping / Chambre et table d’hôte / Evènement / Gîte / Hébergement de groupe / Hôtel.

Les pilotes de démarche de progrès et/ou de démarche innovantes comme c’est le cas avec l’étiquette environnementale mise en place à l’île d’Oléron.

“Nous faisons du coaching avec les prestataires, un vrai accompagnement à leur côté. Nous allons les voir chez eux au quotidien. Les ateliers collectifs c’est bien, mais c’est mieux d’aller chez eux pour faire du concret !” Lionel Pacaud

3. Définir un projet en co-construction

Le coaching se fait en continue, mais une fois que chaque prestataire ciblé a été rencontré, vous pouvez initier une rencontre entre ces socioprofessionnels. L’objectif de cette rencontre est de construire ensemble la définition d’un projet, d’objectifs, d’actions et ainsi réussir à aller vers l’engagement du travail avec les privés. Cela peut se traduire par : la mise en place d’un club, d’une association, d’un manifeste, d’une charte, d’un programme de formations, d’une boîte à outils pour partager des valeurs communes…

Parmi les structures ayant déjà mis en place des actions collectives de ce type on peut par exemple citer l’OT de Marennes Oléron qui a créé une association pour la création de la grille d’évaluation en partenariat avec l’OT et les acteurs locaux. Il y a également l’office de tourisme de Biscarosse qui a intégré dans son programme de professionnalisation un atelier dédié au tourisme durable, ou encore l’Office de tourisme de Rochefort Océan qui a mis en place avec la communauté d’agglomération et les grands sites l’opération Le Carnet de Pierre pour une espace nature sans voiture, etc.

4. Evaluer

Comme toute action il est nécessaire d’évaluer l’impact de cette stratégie. Jérôme Lay indique qu’il est difficile de mesurer mais que cela porte sur les actions, la sensibilisation faite, la mise en place d’une culture collective qui facilite les échanges avec la collectivité. L’indicateur qu’il met en avant : “1 lit sur 3 est écolabellisé sur son territoire”.

5. Diffuser

Vous pouvez diffuser cette expérimentation à d’autres partenaires. Par exemple, l’Office de tourisme de Marennes Olérons diffuse les méthodes auprès des saisonniers pour “Impulser une dynamique avec eux”. En parlant de diffusion, il faut notamment faire attention au greenhushing que l’on pourrait traduire par chuchotement ». A l’inverse du greenwashing, cette démarche consiste à ne pas communiquer sur son engagement. Excès de modestie, peur d’être imparfait … plusieurs explications peuvent se trouver mais l’important est de ne pas taire ses actions et de communiquer sur ses petits pas et réussites cela ne peut qu’inspirer et donner envie de s’engager !

Les conseils de Jérôme, Lionel et Emrick

  1. Pour tendre vers la réussite, la clé du succès est de créer un partenariat public/privé. Chez eux cela se traduit par la mobilité et l’instauration de navettes de transports entre les hébergements et la plage.
  2. Prendre du temps pour des restitutions collectives des échanges.
  3. L’implication des acteurs : c’est long, c’est compliqué, c’est un travail de longue haleine !
  4. L’écolabel a valeur de preuve, de partage au niveau européen mais pas forcément d’accompagnement.
  5. Un label n’est pas un outil de communication ! Il faut le faire car c’est un outil de qualification !
  6. Il faut faire des choix, on ne peut pas embarquer tout le monde, il faut partager les mêmes valeurs.
  7. Dans la question du tourisme durable, il y a également la question des données #cartegooglevsdonnées ».

 

Pour aller plus loin 

En mars 2013 déjà, une formation sur le tourisme durable a été proposée par la MONA par Catherine Blanc de FTC Consultants et même si la formation date un peu, les données restent encore actuelles ! 

“Le développement durable n’est pas un positionnement touristique” – Catherine Blanc de FTC Consultants

 

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