Les interviews des formateurs Reporter de territoire

  • Interview de François Perroy consultant-formateur Emotio tourisme. En charge des promotions n°1 et n°3 d’Aquitaine.
    Interview réalisé par Fabien Raimbaud MOPA.
    Plusieurs questions :
    En quoi consiste la formation Reporter de territoire ?
    Quelles sont les compétences visées et qu’apporte-t-elle à un office de tourisme ?
    Est ce bien le métier d’un office de tourisme ?
    Quelles observations et commentaires pouvez-vous faire sur les premières promos ayant suivi la formation ?
    Autres remarques/suggestions à ajouter…
    1 phrase, 1 citation…

« La formation Reporter de Territoire s’appuie d’abord sur les deux mots qui la nomment : reporter et territoire. Le territoire est celui d’exercice de l’activité touristique. Le territoire n’est pas que géographique, il est surtout d’intérêt. Il est l’espace, le temps, les images de ce qui fait une destination touristique à un moment donné : activités, événements, singularités durables, traits humains. Le territoire n’est donc pas à aborder du seul point de vue des limites d’une carte, mais bien plutôt comme un univers dans lequel tous les jours il est possible de piocher des éléments qui peuvent parler par un traitement approprié, tant aux résidents, consommateurs du territoire touristique qu’aux visiteurs et touristes en séjour.

Quant au reporter, c’est celui qui dans une rédaction est en capacité d’aller sur le terrain (il sort donc de l’office) pour couvrir un événement annoncé ou pour faire germer un sujet invisible à force d’enquête et d’entretiens. Autant la première mission du Reporter de Territoire est bien de couvrir les actualités et événements qui peuvent avoir une incidence touristique, la planification est indispensable pour cela. Autant la seconde mission du Reporter n’est pas perçue spontanément dans les offices de tourisme, mais c’est d’elle que surgissent les contenus les plus vifs, les plus indépendants et souvent identitaires, marqueurs d’une destination. La formation consiste tout au long des 12 jours de sa durée, à ouvrir les yeux sur les richesses, à la fois visibles mais aussi masquées d’un territoire.

Je crois beaucoup à cette très belle citation de Jean Renoir que j’adapte volontiers à la notion de Reporter de Territoire : « L’art du cinéma consiste à s’approcher de la vérité des hommes et non pas à raconter des histoires de plus en plus surprenantes ».

Sur le terrain des compétences, nous ?uvrons dans 6 directions en prenant en compte les acquis de certains des participants. Ces directions sont :

la définition et l’explication d’une stratégie éditoriale,

l’écrit,

la photo,

la vidéo,

le droit

et la diffusion.

Nous y ajoutons des pincées créatives en storytelling, en éléments sonores et en cartographie. La photo et la vidéo représentent une grande partie du temps de la formation afin de rendre le plus autonomes possible les participants. Curieusement l’écrit est toujours aussi compliqué : on sait écrire dans les offices de tourisme, en revanche on ne sait pas écrire sur des commandes variées et on ne sait pas retravailler le même sujet en 3 ou 4 variantes. C’est un exercice que nous soumettons aux stagiaires. La question de l’angle de traitement d’une information est ici abordée. A l’heure du conseil éclairée, qui nécessite une adaptation de l’information en réponses à des attentes diverses, il devient nécessaire de savoir traduire une même source d’information en de multiples messages.

Les compétences de départ sont inégales, mais à l’arrivée tout le monde sait cadrer une photo, examiner les sources de lumière, écrire et tourner une brève vidéo. La formation doit apporter aux offices de tourisme un regard prioritaire sur la définition et la production de contenus adaptés, complémentaires selon la forme utilisée, recyclables et si possibles convaincants car informatifs et séduisants sans être publicitaires.

De notre point de vue, étayé par nos expériences guidés par l’amont (l’analyse par exemple des sites web, réseaux sociaux, applications, offres de produits) et par l’aval, la demande orale adressée à un office de tourisme, la formation Reporter de Territoire place au premier plan la production concertée et éditorialisée de contenus, si possibles enrichis. Elle doit faire avancer la réflexion au sein des offices de tourisme sur les choix de sujets prioritaires, en accord avec les besoins des marchés et des clients de la destination. Elle est donc essentielle, de plus elle peut conduire à essaimer de bonnes pratiques au sein des équipes en place.

Au regard des premiers bilans que nous pouvons formuler, nous observons que nous partons de loin dans l’ensemble. Ce qui n’a rien d’étonnant car il est acquis pour tout le monde que l’on sait à peu près écrire et prendre des photos. Oui mais pas de manière à informer, séduire et convaincre, pas de manière à raconter des histoires qui vont plutôt plaire à tels types de touristes. Autant la consommation d’images est immense dans notre société, autant l’apprentissage de la production et de l’analyse d’images reste à poser. C’est l’un des grands enjeux de la formation Reporter de Territoire : faire entrer la culture de contenus optimisés dans les offices de tourisme et chez les socio-professionnels qui pensent souvent outils avant contenus. »

Merci François

  • Interview de Patrice Ruelle consultant-formateur Le Belvedere Conseil. En charge des promotions n°2 et n°4 d’Aquitaine.
    Interview réalisé par Fabien Raimbaud MOPA.En quoi consiste la formation Reporter de territoire ?

    « Nous sommes envahis d’images et souffrons d’infobésité et il est important qu?un office de tourisme puisse maîtriser davantage l’information qu?il diffuse en privilégiant la qualité à la quantité, en offrant à voir et à entendre et en donnant du sens. Faire des photos et obtenir de bonnes photos n’a jamais été aussi facile à tel point qu?elles prolifèrent pour envahir la toile progressivement. Si faire un selfie est une chose, raconter une histoire en est une autre.
    Nous avons tous appris à lire et écrire, la formation reporter apprend aux participants à s’exprimer avec l’image et le son et à raconter des histoires en jouant avec les mots. »

Quelles sont les compétences visées et qu’apporte-t-elle à un office de tourisme ?
« Penser stratégie de communication et stratégie éditoriale avant de se lancer et de chercher l’Image,
Être en capacité de porter un projet multimédia, de produire du contenu et de négocier avec un professionnel de l’image et du son pour obtenir exactement ce que l’on souhaite,
Raconter une histoire en choisissant un voire des angles pour structurer son récit et échapper à la carte postale facile et vraisemblablement déjà faite,
Maitriser l’image quelle soit fixe ou animée, jongler avec le son et utiliser ces médias comme un langage à part entière. »

Est ce bien le métier d’un office de tourisme ?
« De la même manière que la presse quotidienne régionale, le reporter d’un Office de Tourisme est là pour informer et communiquer en jouant la carte de la proximité, de l’ancrage territorial voire de l’immédiateté.
Nous connaissions les globe trotters, nous avons désormais des local trotters!
L?office de tourisme est bien là pour donner les clés de sa destination et le reporter de territoire étant dans l’investigation permanente, il peut révéler ce qui n’est justement pas visible au premier coup d’oeil.
En offrant les meilleurs points de vue, les plus beaux portraits, les angles les plus insolites, il donne à rêver et construit déjà, pour le possible futur touriste, du souvenir à priori.
Tel le guide indien, il parle la langue des signes et peut, grâce à sa maitrise des outils et surtout du langage de l’image, amener sur la bonne piste le voyageur en quête de sens. »

Quelles observations et commentaires pouvez-vous faire sur les premières promos ayant suivi la formation ?
« Les résultats sont surprenants. Je pense que chacun des participants à découvert des ressources insoupçonnées et surtout a aujourd’hui moins peur de s’exprimer, de donner son point de vue, de proposer des choses différentes, moins institutionnelles, plus « vraies ».
Bien sûr, il est hors de question d’imaginer que nos reporters aient atteint le même niveau qu?un professionnel qui aurait suivi un cursus de plusieurs années mais l’objectif n’est pas là. Ils ont désormais un regard plus perçant, ont développé une acuité visuelle et une sensibilité parfois très aiguisée qui les amènent à refuser la facilité et la banalité. Ils sont curieux, l’assument et ont résolument envie de partager leur passion pour leur territoire. J?ai hâte de voir comment ils vont désormais évoluer. »

Merci Patrice