
Pourquoi le réseau des Organismes de tourisme de Nouvelle-Aquitaine s’engage avec les acteurs de l’ESS ?

Cela est inscrit dans le cadre du projet associatif de la MONA 2025-2030, soutenu par le Conseil Régional de Nouvelle-Aquitaine. La MONA et son réseau d’adhérents oeuvrent au quotidien pour le développement local avec pour principal levier d’action : la coopération avec de nombreuses parties prenantes (élus, acteurs économiques touristiques, acteurs institutionnels, socio-professionnels, habitants…) sur des sujets multiples : transitions durables et modèles d’affaires (RTE-RTO ; RSE-RSO), QVCT, hospitalité,….
Afin de favoriser davantage les synergies entre acteurs du tourisme et acteurs de l’ESS, la MONA travaille depuis plusieurs années avec la Coopérative Tiers-Lieux Nouvelle-Aquitaine et plus récemment avec les réseaux régionaux INAE et ReNAITRe. Ce travail a pris la forme, au printemps 2025, d’une enquête adressée aux Organismes de tourisme de Nouvelle-Aquitaine. Nos 4 réseaux régionaux ont ainsi créé une base de données commune, recensant à l’aide des codes postaux les structures locales de l’ESS présentes sur le territoire de compétence des Organismes de tourisme. Un travail sur les coopérations mené…. en coopération !
Ce travail a été partagé au Conseil Régional (Direction Tourisme et Direction ESS).
C’est quoi l’ESS au fait ?
« L’économie sociale et solidaire (ESS) désigne un mode d’entreprendre qui cherche à concilier activité économique et utilité sociale. Elle repose sur des principes de solidarité, de coopération, de démocratie, et de primauté de l’humain sur le profit. » (source : site du gouvernement)
Qu’a révélé l’enquête conduite par la MONA en lien avec la Coopérative Tiers-Lieux, INAE et RENAITRE ?
Cette enquête adressée aux Organismes de tourisme a un double objectif :
- identifier et valoriser les bonnes initiatives existantes afin de continuer à inspirer nos réseaux respectifs
- poursuivre le travail pour ancrer localement encore plus de collaborations, de partenariats…
Les résultats et le chemin restant à parcourir :
Les résultats montrent une bonne interconnaissance, mais révèlent la nécessité d’intensifier la transformation de cette connaissance en actions concrètes.
- 60 % des structures de l’ESS concernées sont connues de leur office de tourisme de proximité.
- 30 % des 321 structures de l’ESS ont des actions directes et concrètes avec leur office de tourisme.
- Ce taux de coopération monte à 50 % lorsqu’on le rapporte aux structures se connaissant mutuellement..
La nature du lien est multiple comme : la construction de projets touristiques communs, la création d’offres pour visiteurs et habitants, la vente de produits issus de l’économie circulaire, le développement de compétences, l’emploi, gouvernance, l’hospitalité partagée, la promotion mutuelle…
RETROUVEZ L’ENSEMBLE DES RESULTATS DE L’ENQUETE ICI.
Quels liens entre les Organismes de tourisme et tiers-lieux, acteurs de l’insertion par l’activité économique, recycleries et ressourceries ?
ASTUCE : vous avez envie d’en savoir plus sur les structures de l’ESS présentes près de chez vous ? N’hésitez pas à nous contacter, ou rendez-vous sur Carteco, l’outil cartographique qui recense les structures de l’ESS près de chez vous et partout en France !
Quelles bonnes pratiques ont été identifiées ?
Toutes les pratiques recensées grâce à cette enquête, entre les Organismes de tourisme de Nouvelle-Aquitaine et les acteurs de l’ESS, ont été compilées et classées par département de la page 9 à la page 24. A retrouver et à consulter ici sans plus attendre…
Notre curiosité nous a amené à solliciter certains offices de tourisme pour pouvoir mieux comprendre la nature des liens qu’ils entretiennent avec les acteurs de l’ESS. 4 offices de tourisme de Nouvelle-Aquitaine nous ont ainsi partagé leur retour d’expériences.
Clotilde Cassot, directrice de la structure, nous a accueilli et nous a tout d’abord partagé les actions RSO menées par la structure (cf plus d’infos ici). Un engagement durable passe par un soin particulier accordé à son éco-système, aux différentes parties prenantes avec lesquelles oeuvrent au quotidien l’office de tourisme (et notamment avec les acteurs de l’ESS présents sur le territoire).
Depuis le bureau d’information de Saint-Vincent-de-Tyrosse, situé en face des arènes de la ville, Clotilde nous rappelle également l’importance culturelle et identitaire du territoire. Ainsi, elle identifie les acteurs de l’ESS comme des maillons essentiels avec lesquels travailler pour tendre vers plus d’ancrage territorial. Pour se faire, cela doit passer par plus de dialogues avec les acteurs de l’ESS, pour passer de la collaboration à une réelle relation partenariale.
En ce moment, la Communauté de Communes de Maremne Adour Côte Sud est en pleine réécriture de sa convention d’objectif 2025-2028 qui envisage de placer l’ESS parmi les grandes priorités à venir dans le projet de territoire. Décrite comme ayant un rôle de facilitateur et de mise en réseau par Clotilde, la collectivité avait déjà entrepris des travaux avec ces acteurs, donnant lieu à des réunions auxquelles Clotilde a participé. C’est tout naturellement que l’office et ces acteurs se sont rapprochés, notamment avec “l’Établi – Fablab”, un atelier coopératif partenaire de l’office de tourisme. Aujourd’hui, Clotilde y voit un réel enjeu de coopération avec cet acteur qui va déménager au niveau du nouveau pôle multimodal en construction en face de la gare de Saint-Vincent-de-Tyrosse. Cette nouvelle proximité géographique avec l’office de tourisme pourrait faciliter l’émergence de nouveaux projets.
Cette dynamique se retrouve aussi dans la nouvelle feuille de route de l’office de tourisme avec tout le travail mené avec les associations locales et les habitants (comprenant du micro-learning à destination des habitants et avec une volonté forte de traiter cette question à l’échelle du PETR Adour Landes Océanes). Pour Clotilde, “une feuille de route habitant doit se faire en concertation avec les habitants eux-même”, s’alignant ainsi avec les objectifs de la convention de sa collectivité. Toujours dans le cadre de la nouvelle feuille de route, une action concrète est envisagée pour faire participer les touristes à la collecte de déchets en liège afin de les donner à une entreprise spécialisée du territoire qui traite et recycle cette matière.
En une phrase Clotilde, quelle est ta perception de la coopération ? : “pour qu’il y ait véritable coopération et que celle-ci soit pérenne, il faut savoir se mettre à son service et renoncer parfois à certains de nos propres intérêts. Si la coopération bénéficie à l’ensemble du collectif, alors tout le monde ressort gagnant.”
Du côté de Bayonne, Bouahlem Rekkas directeur de la structure nous a ouvert les portes de l’office de tourisme. Une journée riche en échanges et marquée par la présence d’Alice Cornou, coordinatrice et cheffe de projets pour l’Atelier Vélo Txirrind’ola. Txirrind’ola est un atelier de vélo participatif qui sensibilise les habitants à la bonne utilisation du vélo dans l’espace urbain, qui récupère puis réutilise des pièces détachées d’anciens vélos. L’Atelier sensibilise également les scolaires sur l’utilisation du vélo et propose des événements conviviaux afin d’initier les usagers à la réparation de leur propre vélo.
Pourquoi une collaboration entre vous ? À l’origine, Txirrind’ola est une association née en 2011 visant à encourager les Bayonnais à utiliser quotidiennement le vélo (en savoir plus sur l’histoire de l’association). Parallèlement, l’office de tourisme a développé une expertise sur le cyclo-tourisme (grâce notamment au passage de la Vélodyssée dans la ville). Le partenariat est né d’une volonté de se nourrir mutuellement de l’expertise de l’autre afin d’élargir notre champ de compétence.
C’est comme ça qu’en 2023, l’office de tourisme a fait appel à l’expertise de Txirrind’ola sur la sécurité autour de l’usage du vélo en ville dans le but de former les guides conférencières de l’office pour assurer des visites à vélo qui retracent l’histoire du port de Bayonne.
Après deux ans de travail, l’été 2025 a vu le lancement officiel de la visite cyclo guidée qui permet à 12 participants de découvrir l’histoire du port de Bayonne en 3 heures en suivant un parcours de 6 kms. Un membre de Txirrind’ola assiste à la visite en jouant un rôle de serre-file pour s’assurer que le groupe suive.
Pour Bouahlem, il a été important que chaque acteur joue son rôle : “Txirrind’ola répare et vend des vélos d’occasion. Il faut être vigilant à ne pas mettre l’association en concurrence avec un autre prestataire privé qui loue des vélos. C’est pour cela que la visite guidée démarre à la gare de Bayonne à côté d’un autre partenaire qui peut louer des vélos aux personnes qui n’ont pas les leur”.
Une chose est sûre, cette visite guidée constitue seulement la première étape du partenariat entre l’office de tourisme et Txirrind’ola. Les deux parties se projettent déjà sur de futurs projets pouvant être menés ensemble :
- Txirrind’ola : continuer à mieux comprendre les attentes des cyclotouristes sur le territoire grâce à l’office de tourisme
- Office de tourisme de Bayonne : continuer à former toute l’équipe à la sécurité à vélo et élargir le catalogue de visites cyclo sur d’autres thématiques grâce à Txirrind’ola
L’office de tourisme de Bayonne possède également un guide accueil vélo visant à encourager la pratique du vélo et partager les bonnes adresses notamment de professionnels du secteur (loueurs, hébergeurs, réparateurs…). Guide dans lequel nous retrouvons, bien évidemment, Txirrind’ola.
Alice Cornou souligne le soutien politique en faveur de cette dynamique : “il y a une impulsion et une vision en faveur de l’ESS sur le territoire, que ce soit par la collectivité ou les communes BAB (Bayonne-Anglet-Biarritz)”.
Retrouvez dans cet article, les autres initiatives menées par l’office de tourisme avec d’autres associations de Bayonne…
Le réseau à l’honneur : la fibre associative de l’office de tourisme de Bayonne
Partons à présent du côté de Mansle-les-Fontaines, en Charente, afin d’écouter le récit de Florence Bouchoux, directrice de l’office de tourisme Nord Charente. Son territoire abrite une oasis, non pas celle dans le désert…. mais un éco-hameau construit par un collectif d’habitants qui considèrent l’économie sociale et solidaire comme le principe fondamental de leur organisation.
Danièle Bacheré, cofondatrice de l’Oasis, nous a fait l’honneur d’être présente pour nous raconter le travail mené avec l’office de tourisme. L’Oasis du Coq à l’Âme est née à la suite d’une autorisation garantissant la possibilité qu’un collectif d’habitants s’installe sur le domaine d’Échoisy en 2021. Étendu sur 40 ha, ce domaine a été vendu par la commune des Cellettes au collectif habitant composé de 20 familles. Leur objectif était clair : créer un écosystème expérimental et autosuffisant qui agit en pleine conscience de l’impact que leurs actions peuvent avoir sur leur environnement (en savoir plus…)
Florence nous explique que le rapprochement avec l’Oasis s’est opéré suite à la forte médiatisation de leur installation au domaine d’Échoisy. En même temps, l’office de tourisme travaille sur la question des habitants avec une volonté de réunir toutes les initiatives locales sous la même bannière de communication. Suite à un accompagnement de la MONA, l’office a créé un collectif « plan d’action » auquel l’Oasis a été intégré, partageant les mêmes valeurs sur le territoire.
Danièle Bacheré en évoquant le travail mené avec l’office de tourisme : “Ce que nous voulons, c’est rendre les habitants fiers de leur territoire. La question se pose de réfléchir à comment permettre aux gens de s’impliquer pour leur territoire”.
De ce fait, des groupes de travail composés d’entreprises, d’associations, d’habitants ont ainsi été constitués d’après les différentes thématiques du plan d’action. Le tout conduit et animé par des méthodes d’intelligence collective. Tout ce travail, a conforté l’office de tourisme dans sa vocation à créer et à entretenir du lien avec les personnes rencontrées sur le terrain, qui font parties de l’histoire d’un territoire. Ne surtout pas se « contenter » de faire et de construire qu’avec les acteurs touristiques.
Pour Florence, l’office de tourisme sert à mettre en mouvement et à faire « s’exprimer les talents des gens, tout en s’appuyant sur les leviers et compétences que peut mettre l’office de tourisme au service de ces dynamiques. » En témoigne l’aide que peut apporter l’office de tourisme sur des questions d’ordre touristique à l’équipe de l’Oasis qui propose de l’éco-tourisme (séjours immersifs et repas partagés). En savoir plus…
Pour Danièle Bacheré, la coopération avec l’office de tourisme se résume à “raconter la même histoire, mais chacun.e avec une version différente”.
Du côté de la Haute-Vienne, Chloé Valet de l’office de tourisme du Noblat nous a partagé les ambitions de travail avec les acteurs de l’ESS qu’elle porte depuis plusieurs années. Saint-Léonard-de-Noblat est le centre de l’activité touristique de la Communauté de communes dont l’office de tourisme est en régie directe. Ainsi, lorsqu’en 2018 un particulier achète un bâtiment classé aux monuments historiques dans le centre de la ville pour en faire un tiers-lieu, c’est tout naturellement que Chloé s’intéresse au projet et entre en contact avec le tiers-lieu “l’Escalier” afin de mieux comprendre son positionnement et l’intégrer dans le pannel des acteurs de l’offre touristique locale.
Chloé : “Aujourd’hui, je trouve important qu’il y ait une porosité entre les acteurs de l’ESS et les acteurs du tourisme”.
En 2020, un appel à manifestation d’intérêt “Fabriques de territoire” porté par l’ANCT et l’Agence nationale France Tiers-Lieux est lancé. Communautés de communes, PETR et associations locales y candidatent via une convention de partenariat avec le tiers-lieu portant sur quatre volets :
- le lien social avec des activités en lien avec les missions assurées par le tiers-lieu ;
- l’insertion professionnelle suite à un appel à projet de Pôle Emploi ;
- le développement d’une offre touristique via l’appui de la MONA et de la Coopérative Tiers-Lieux (plus d’infos…) ;
- la création d’un pôle ressource numérique afin de recruter des conseillers numériques à la Communauté de communes
Aujourd’hui, les ateliers numériques mis en place à destination des professionnels ont été salués. De nombreux autres projets, à vocation touristique, n’ont pu encore voir le jour mais pourront l’être plus tard : l’organisation de séminaires d’entreprises, la pérennisation d’un jeu de piste valorisant le bâtiment de l’Escalier, ou encore faire du tiers-lieu un véritable lieu d’accueil touristique de par sa position géographique idéale dans le centre-ville.
Chloé reste optimiste puisqu’aujourd’hui la dynamique touristique à l’échelle du département de la Haute-Vienne encourage les offices de tourisme à renforcer les coopérations avec les acteurs locaux. Chloé affirme par exemple “qu’au vu du contexte économique, mener des actions communes avec d’autres acteurs est bien perçu par la population locale qui aspire à se tourner davantage vers des tiers-lieux et des structures alternatives”. Une bonne nouvelle pour l’office de tourisme qui va pouvoir continuer à soutenir ces dynamiques et mettre à profit ses compétences selon la nature des futurs projets qui émergeront sur le territoire.
RETROUVEZ L’ENSEMBLE DES RESULTATS DE L’ENQUETE ICI.
Article rédigé par Laurentz DELPECH, en stage à la MONA d’avril à septembre 2025 avec l’appui de Fabien Raimbaud.
