Micro-aventure : tendance durable ou simple concept marketing ?
La micro-aventure, mélange de nature, proximité et simplicité, interroge : opportunité durable ou coup de marketing ? Nous vous présentons les origines du concept, ses valeurs, ses limites, et surtout les clés pour le mettre en œuvre dans vos territoires et vos offres touristiques. Vous bénéficierez d’un panorama clair, concret et opérationnel.
Cet article a été réalisé grâce à l'appui de Maritza Collin, dans le cadre de son travail de veille pour le Master 1 AGEST, de l’Université Bordeaux Montaigne en 2019. Merci à elle 😉
Qu’est-ce que la micro-aventure ?
Une micro-aventure est une aventure qui permet de ressentir toutes les sensations d’une grande aventure. Tout cela, sans ses contraintes de temps, d’expérience ou d’argent. Une micro-aventure est donc :
- De courte durée : elle permet de concilier vie professionnelle et aventure. Elle peut durer le temps d’un weekend ou seulement quelques heures.
- Simple à réaliser : elle ne nécessite pas d’expérience ni de matériel particulier. En gros, pas besoin d’être Mike Horn pour pratiquer la micro-aventure.
- Peu cher : puisque micro-aventure rime avec courte durée et simplicité, les dépenses sont moindres. On peut en effet bivouaquer et amener sa propre nourriture avec soi.
- Proche de chez soi : on peut sortir de son bureau, prendre un TER et c’est parti
- Respectueuse de l’environnement : la micro-aventure est un concept qui se veut durable.
La micro-aventure se vit la plupart du temps dans la nature mais peut aussi se pratiquer en milieu urbain. Si vous voulez avoir une idée de micro-aventures possibles en milieu urbain, le livre d’Olivier Bleys «Les aventures de poches» est une mine d’or !

D’ou vient ce concept ?
Le concept de micro-aventure a été théorisé par Alastair Humphreys. Ce jeune aventurier anglais de 35 ans a été sélectionné parmi les dix « aventuriers de l’année 2012 » par le magazine National Geographic. Après de multiples grandes aventures, Alastair décide de passer une année entière dans son pays, le Royaume-Uni. Il va y vivre une série de 12 micro-aventures.
Le but est de prouver que l’aventure peut se trouver là, tout de suite, au coin de la rue et qu’elle est accessible à tout le monde. Alastair utilise Twitter afin de partager en vidéo ses micro-aventures auprès des internautes du monde entier. Ce concept remporte alors un franc succès.
La micro-aventure, c’est aussi un outil marketing
En effet, face à la tendance des micro-aventures et à la montée du tourisme d’expérience, certaines compagnies aériennes et structures territoriales n’ont pas tardé à développer des offres de micro-aventures. C’est le cas de la compagnie aérienne low-cost Easyjet qui a collaboré avec Alastair Humphrey afin de proposer des idées de micro-aventures dans les villes européennes. La compagnie utilise le concept de micro-aventure en outil marketing. Elle présente ainsi les destinations quelle dessert d’une manière alternative aux traditionnels city-breaks.
Dans les idées de micro-aventures qu’elle propose, EasyJet reste fidèle au concept même de la micro-aventure. Ce n’est cependant pas toujours le cas comme on peut le constater chez MySwitzerland. La compagnie utilise le concept de micro-aventure afin de promouvoir la destination. «40 kilomètres, 25 ascensions, 10 étapes», «un circuit exigeant, un dénivelé de 3840 mètres à surmonter»… Tout cela demande de l’expérience, une bonne condition physique et du temps, soit le contraire du principe de la micro-aventure.
En manque d’idées de micro-aventures ? En voilà quelques-unes…
- Arpenter les chemins de randonnée
- Faire une randonnée à vélo
- Dormir à la belle étoile (un des classiques de la micro-aventure)
- Descendre une rivière en canoë
- Pratiquer la baignade sauvage
La micro-aventure, une tendance durable ?
La micro-aventure peut s’inscrire dans un contexte de durabilité car elle échappe à la saisonnalité. Par exemple, la micro-aventure invite à bivouaquer en plein hiver. La micro-aventure repose sur le fait que tout le monde devrait pouvoir bénéficier du droit à la nature. Comme dans les pays scandinaves, s’autoriser à dormir dans la nature et ainsi tendre vers sa protection.
Elle peut aussi être une opportunité pour les territoires ruraux. En effet, la micro-aventure se pratique la plupart du temps en pleine nature. Elle peut donc contribuer au développement touristique et économique de ces territoires, dans la mesure où les micro-aventuriers sont susceptible de consommer sur place et de vanter la destination auprès de leurs proches. Elle constitue aussi une bonne manière de répartir les flux sur un territoire.
Cette tendance peut aussi être durable au point de vu écologique. La micro-aventure limite les déplacements, invite à la protection de la nature. De ce fait, les micro-aventuriers auront par principe envie de protéger leurs terrains de jeux.
Cependant, la micro-aventure connaît la limite de l’accessibilité car les zones de pleines nature sont souvent mal desservies. La micro-aventure peut aussi vite devenir une forme de tourisme de masse. Si tout le monde va au même endroit au même moment, il y a de fortes chances qui peut pousser des gens non respectueux à laisser traîner leurs déchets. La forte instagrammabilité de « l’outdoor » ne leur rend pas service. Se pose aussi la question de la légalité des bivouacs et des rassemblements de plusieurs dizaines de personnes lors d’événements liés à la micro-aventure.
Faut-il intégrer les territoires ? Un des risque consiste en la dénaturation et la banalisation de la micro-aventure comme le montre le cas MySwitzerland. En effet, tout n’est pas une micro-aventure. Le cas d’EasyJet pousse aussi à nous questionner. Même si la compagnie aérienne reste fidèle au concept de micro-aventure dans les idées qu’elle propose, elle reste une compagnie aérienne low-cost. De ce fait, le caractère de durabilité environnementale de la micro-aventure est bafoué…
Pour aller plus loin : “La « micro aventure » : en savoir plus pour se lancer”
An mai 2021, un weséminaire a été organisé en collaboration avec Trajectoire Tourisme avec la participation de :
- Amélie Deloffre, fondatrice du guide 2 jours pour vivre et de la première école de micro aventure en france
- Marina Geray, Responsable marketing digital à l’Office de Tourisme de Pont d’arc d’Ardèche
Voici leur retour d'expérience pour se lancer dans la micro-aventure en tant qu'organisme de gestion de destination.
Les conseils à suivre
- assimiler les valeurs et attentes de la micro aventure
- auditer l’existant, faire une sélection, aider les prestataires à faire du changement et du design de services s’il y a des manques
- créer des offres et des parcoursintelligents pour les habitants, pour l’économie locale, pour la nature et pour les voyageurs
- saisir l’opportunité de travailler avec des nouveaux acteurs, co-créer
- communiquer tout en restant soi-même !
Les pièges à éviter
- Ne pas confondre tourisme outdoor et micro aventure, vous risquez de créer la confusion
- Repackager son offre et ses prestataires sans vision
- Adresser la micro aventure à tout le monde
Il faut être vigilant à ne pas tout faire rentrer sous le terme de micro aventure. Il est important de garder une offre plus classique qui séduit aussi d’autres publics. La clé est la diversité de l’offre. Une balade à vélo ou un stage de yoga en montagne sont des offres déjà existantes et pour autant non associées à la micro aventure.
Propositions d’étapes pour la mise en oeuvre
- identifier les offres qui rentre dans le champ de la micro aventure
- être vigilant à ce qu’on sélectionne et savoir dire non
- rédiger les contenus édito
- créer les contenus photos
- valoriser ses contenus (print, web et réseaux sociaux)
- relayer à la presse
- mettre en place des partenariats cohérents
- organiser des accueils d’influenceurs micro-aventuriers
A vous de jouer !

Votre interlocutrice
Camille Averty
En charge de la coordination pédagogique et de la qualité


